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ccviii DISSERTATION

lond, je'suppose, le sentiment de M. Ritter; car en dépit de cette condamnation générale, il ajoute, an risque de se contredire quelque peu, que selon lui, on a pu soutenir avec vraisemblance que la Morale à Eudème et la Grande Morale avaient été rédigées d'après les leçons d'Aristote. N'est-ce pas là reconnaître implicitement l'authenticité de la Morale à Nicomaque ?

M. Brandis semble s'en tenir aux travaux de M. Spen- gel, dont il fait la plus grande et la plus juste estime. Pour lui, la Morale à Eudème est, selon toute apparence, l'ouvrage du disciple d'Aristote dont elle porte le nom; et la Grande Morale n'est guère qu'un simple extrait de la Morale à Eudème, fait par un péripatéticien dont on ignore l'époque i. Cependant, sans accorder à ces deux ouvrages l'importance d'ouvrages authentiques, M. Bran- dis ne croit pas pouvoir, ainsi que je l'ai dit, les laisser de côté dans l'exposition de la Morale d'Aristote. Je conçois ce scrupule. Mais on a peut-être quelque droit de s'en étonner. Si la Morale à Eudème et surtout la Grande Morale ne sont pas d'Aristote, pourquoi lui en attribuer en partie la responsabilité ? Entre la Morale à Eudème et la Morale à Nicomaque, les différences de doctrine, en ce qui concerne les idées religieuses, sont assez fortes, comme M. Fischer a essayé de le prouver. Ces nuances donneraient, si elles étaient adoptées, au système entier du philosophe, un caractère de piété qu'il n'a point au même degré dans le reste de la Morale, non plus que

��(1) M. Brandis, Handbucli der Geschiclite der Griechisch — Rômisclieii philosophie, 1" moitié de la seconde section de la seconde partie, Rerlin 18ô", allemand, p. lOti et 122, note.

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