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contradiction n'est pas manifeste, et il faut exagérer bien des nuances pour la découvrir et la constater.

Mais, je le déclare, tout en n'adoptant pas les conclu- sions hardies de M. Fischer, je n'en rends pas moins jus- tice à sa science, et à sa sagacité. Ses arguments peuvent sembler parfois un peu subtils; mais ils sont toujours fort ingénieux, et l'on peut dire qu'en Allemagne ils ont fait école.

Le dernier éditeur de la Morale à Eudème, M. A. -Th. Her.-Fritzsch, les a pleinement embrassés, et il a cherché à les appuyer encore par des preuves nouvelles. Sa con- viction sur ce point est tellement arrêtée qu'il n'a point hésité à donner à son édition un double titre. Dans l'un, ([ui est ce qu'on appelle un faux titre, il met Aristotclîs Ethica Eudemia; dans l'autre, qui exprime toute sa pen- sée, il attribue définitivement l'ouvrage à Eudème : Eudcyni Rhodii Eifiica. Il semble donc que pour les philologues d'outre-Rhin la question est absolument décidée, et qu'à leurs yeux, Eudème doit passer désor- mais pour l'auteur de la morale oii figure son nom. Quoi qu'il en soit, l'édition de M. Fritzsch est très-bonne ; ou plutôt c'est, on peut dire, la première et la seule. La Morale à Nicomaque avait tellement éclipsé les deux autres, qu'on les avait négligées dans les temps mo- dernes aussi bien que dans l'antiquité, et qu'on leur avait laissé toutes leurs fautes sans chercher même à les atténuer. M, Fritzsch aura eu du moins le mérite d'amé- liorer beaucoup le texte, et d'y faire, d'après les manus- crits et d'après des conjectures prudentes, de très-utiles rectifications. Dès 18/|9, il s'était préparé à cette tâche

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