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Eudème. M. Spengel lui-même, tout en défeudant cette solution, sent qu'elle n'est pas très-bonne ; car il recon- naît que l'on conserve par là cette double discussion du plaisir qui, d'après son propre aveu, est un défaut capi- tal ; et pour échapper à cette répétition fautive, il va jusqu'à supposer que la première discusssion pourrait bien venir de l'ouvrage primitif d' Eudème, et que la seconde seule, celle du livre dixième, est réellement d'Aristote. M. Fischer appuie avec force sur cette consi- dération, dont M. Spengel ne lui parait pas avoir senti toute l'importance ; et voici, quant à lui, comment il la développe et l'approfondit.

D'abord, la première discussion, celle qui termine le livre VII de la Morale à rsicomaque, lui semble tout à fait indigne d'Aristote. Ce n'est plus le ton du reste de l'ou- vrage. Au fond, la théorie est différente, puisque l'on cherche à y prouver que le plaisir est le souverain bien, tandis qu'Aristote, dans le dixième livre, s'efforce d'établir précisément le contraire. De plus, la forme n'est pas moins défectueuse; et l'on sent partout un auteur embar- rassé de produire sa propre pensée, dont il rougit peut- être, et qu'il n'ose ouvertement opposer à une opinion plus sage et plus autorisée. Mais cette dissertation sur le plaisir, quelle qu'en soit du reste la valeur, se lie fort bien à tout ce qui la précède; et par conséquent, ce n'est pas cette dissertation seule , c'est le livre VII tout entier qu'il faut restituer à Eudème, pour en faire le livre VI de sa Morale. Le livre VII entraîne nécessairement avec lui le livre VI et une partie du livre V, de la Morale à Nico- maque; et les livres communs sont rendus à Eudème et n'appartiennent plus à Aristote. Si l'on regarde à la ma-

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