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tote ait divisé les vertus en deux classes, morales et intellectuelles, c’était son droit, d’abord; et j’ajoute que la vérité est de son côté. Schleiermacher veut que toutes les vertus soient exclusivement morales, c’est-à-dire qu’il comprend l’exposition de la morale autrement qu’Aristote. Mais le philosophe n’est point à blâmer, parce qu’il a cru que la prudence, par exemple, n’est pas tout à fait de même ordre que la douceur et la sobriété, et qu’il faut la distinguer, en la rapportant plus particulièrement à l’intelligence, qui y joue le principal rôle. Schleiermacher a plus raison quand il trouve, les vertus intellectuelles une fois admises, qu’on ne leur a point fait une part suffisante. Mais c’est se tromper étrangement que de conclure de ces imperfections fort légères après tout, que la Grande Morale soit mieux composée, et qu’elle soit plus authentique. J’en demande bien pardon à la science et au goût de Schleiermacher ; mais je ne puis pas comprendre de sa part un jugement aussi erroné. Il me semble qu’il suffit, quand on est exercé au style aristotélique, d’une simple lecture pour prononcer absolument le contraire : La Morale à Nicomaque est d’Aristote, malgré ses défauts ; la Grande iMorale n’en est pas. Sans doute, les deux discussions sur le bonheur, et les deux discussions sur le plaisir font double emploi. Mais pour les deux premières, Schleiermacher lui-même remarque que l’auteur les a faites avec intention, et que, dans la seconde, il rappelle positivement les résultats de l’autre, qu’il développe et résume de nouveau. Quant aux deux discussions sur le plaisir, on peut admettre avec Schleiermacher qu’elles sont injustifiables au point de vue d’une composition régulière. Mais Schleiermacher devrait se