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PRÉLIMINAIUE. (cixxix

11 établit d'abord que ces trois ouvrages ne peuvent être pris pour trois essais de rédaction tentés tour à tour par Aristote, peu satisfait lui-même de la forme primitive qu'il aurait donnée à sa pensée ; qu'ils ne sont point les uns ésotériques, les autres exotériques, la doctrine étant semblable dans tous les trois ; et qu'ils ne sont pas davan- tage, celui-ci un manuel abrégé de celui-là. Schleierma- cher s'étonne avec raison que jusqu'à lui on ait laissé de côté ce problême, qui est unique dans toute la littérature grecque. Mais reconnaissant bien la difficulté de cette investigation, il se propose modestement de mettre quel- ques points en lumière, et de restreindre du moins le champ de l'incertitude. La méthode qui lui semble la plus efficace et qu'il emploiera, c'est d'étudier les trois ouvrages en eux-mêmes, et de rechercher s'il n'y a point, dans l'exposition et le style de chacun, des nuances qui permettent de découvrir une autre main que celle d' Aris- tote. C'est là une appréciation très-délicate. Mais selon Schleiermacher, c'est par elle seule qu'on peut espérer d'atteindre le but désiré.

Bien que les trois traités soient admis au même titre dans la collection aristotélique, bien qu'ils n'aient jamais été attribués à un autre auteur, et qu'ils aient en leur laveur des témoignages égaux de la part des anciens, la Morale à Nicomaque a deux traits particuliers qui n'appartiennent qu'à elle, et qu'il convient de bien noter. Elle se donne dès le début pour un simple préliminaire de la Politique ; et elle se rattache directement, par la fin qui la termine, à la Politique qui la suit, et l'achève en quelque sorte. Il n'y a rien de pareil dans la Morale à Eudème ; et si la Grande Morale se donne aussi pour une introduction

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