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la Renaissance, on ne s’en occupe point ; et c’est à peine si, dans une note très-courte, Casaubon, éditeur d’Aristote, signalait le double emploi que font les deux dissertations sur le plaisir, dans le viie et le xe livres de la Morale à Nicomaque. Il voulait attribuer la première à Eudème, auteur présumé, selon lui, de la Morale qui porte son nom. Depuis Casaubon, et malgré les attaques de Patrizzi, la question ne fit pas un seul pas ; et tous les éditeurs se contentèrent de reproduire l’édition des Aldes, avec les fautes, qui trop souvent la rendent inintelligible, dans la Morale à Eudème particulièrement. Il n’était pas possible d’ailleurs qu’une question aussi grave échappât à la critique contemporaine ; et ce fut l’éminent esprit de Schleiermacher qui le premier la signala et tenta de la résoudre.

Schleiermacher avait été conduit, par ses travaux sur les principes et sur l’histoire de la science morale, à consulter fréquemment les ouvrages moraux d’Aristote, et par suite, à rechercher ce que pouvaient être les trois rédactions arrivées jusqu’à nous. Il avait consacré à cette discussion plusieurs dissertations, dont une seule a été retrouvée dans ses papiers. Elle est au tome iii de la philosophie, dans ses Œuvres complètes, iiie partie (de la page 306 à la page 333). Par malheur, cette dissertation unique est elle-même inachevée. Elle mérite néanmoins beaucoup d’attention, bien que le titre démontre qu’elle n’est qu’un premier fragment d’un ensemble plus complet. Mais de la main de Schleiermacher, des débris même sont encore importants. Il en avait fait l’objet d’une lecture devant l’Académie des sciences de Berlin, le 4 décembre 1817.