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testable, simple et solennel tout ensemble, qui constitue la moralité tout entière. L’homme est-il le seul à le connaître et à le posséder ? Peu importe ; il le possède bien certainement ; et c’est là ce qui le distingue de toute la création, dans laquelle il vit et qui n’en jouit pas.

A ce premier fait s’en ajoute un second, non moins évident et non moins admirable.

L’homme en face de cette loi qui parle à sa conscience, quelquefois avec tant de hauteur et de pouvoir, sent toujours qu’il y peut résister. Elle a beau lui commander ce qu’il trouve juste de faire, la raison a beau joindre son acquiescement ; il peut toujours repousser, à ses risques et périls, de si pressantes et si légitimes injonctions. C’est qu’il est en lui, à côté de son intelligence et de sa raison, une autre faculté, plus puissante en quelque sorte, puisqu’elle peut toujours, quand il lui plaît, briser le joug. C’est la volonté, que rien ne peut soumettre, si ce n’est elle- même. Qu’une telle faculté soit en nous, qu’elle y joue ce rôle indépendant et souverain, dans le domaine secondaire qui lui est propre, c’est là ce que le scepticisme peut révoquer en doute, quand il fait à la vérité et au sens commun ces violences où il se complaît. Mais c’est là ce que reconnaît unanime-