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caviii DISSMÎITATIOÀ

répai'eiN ainsi quelque lacune ? Ont-ils au contraire passé de la Morale h Eudème dans la Morale à Nicomaque? Cette dernière qu'on trouve à bon droit la plus authen- tique, quand on ne la trouve pas la seule authentique, pourrait-elle, sans être détruite et tomber en ruines, être privée des théories indispensables de la justice, des vertus intellectuelles, et de l'intempérance, avec un essai sur le plaisir, qui remplissent les trois livres communs ? La Morale à Eudème, qui présente dans quelques parties un grand désordre, des phrases inachevées et inintelligibles, des chapiti-es sans suite et sans liaison, n'a-t-elle pas subi encore cette autre perte, plutôt que la Morale à Nico- maque ? N'est-il pas plus naturel de penser que l'œuvre la plus étendue et la mieux construite aura servi à res- taurer la plus imparfaite ? Quelles mains ont essayé ce raccord, qui n'est pas d'ailleurs fort habile? Dans quel temps l'a-t-on adopté? Est-ce avec raison qu'on l'a fait? Ces théories communes sont-elles de part et d'autre éga- lement nécessaires ?

Ces questions, après celles que je viens d'indiquer, ont encore leur intérêt; et je crois qu'il est bon de les traiter les unes et les autres, sans méconnaître d'ailleurs que les premières sont les plus importantes.

Un point de fait certain c'est que toute l'antiquité a cru que les trois ouvrages étaient d'Aristote ; et par l'anti- quité, il faut entendre ici tous les témoignages qui remontent aux premiers siècles de notre ère. Ils sont aussi formels qu'on peut le désirer. Mais avant de recueil- lir ces témoignages qui, tout précieux qu'ils sont, doivent paraître relativement assez récents, il faut en consulter d'autres qui sont les plus vénérables de tous. Ce sont les

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