Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée

a-.WM PREFACE.

d'âpre jouissance à se sentir plus fort qu'eux.

Abstint' j sustine, voilà bien en effet le résumé de rascélique morale, et ni l'un ni l'autre n'est fait pour ôter à l'âme du sage cette satisfaction que Kant a prise si justement pour le signe manifeste de la vertu, qu'elle accompagne et qu'elle récompense.

Mais, jusqu'à présent, nous ne sommes pas sortis de l'individu. S'abstenir, supporter, sont deux actes qui ne concernent que lui et qui se concentrent en lui. 11 faut maintenant régler ses rapports avec ses semblables; car autrement, l'ascétique serait incom- plète.

La règle est une conséquence de celles qui pré- cèdent, et c'est encore la loi morale qui la donne. Il ne s'agit pas, bien entendu, des devoirs envers autrui qui sont assez connus, et sur lesquels il n'est que faire d'insister. Il ne s'agit que de ces relations qui n'ont rien d'obligatoire, rien même de méritoire, et qui ne relèvent absolument que de notre choix et de notre libre goût. Puisque la vertu est le tout de l'homme, à quelle autre mesure pourrions-nous les rapporter ? Comme c'est par elle que nous nous esti- mons nous-mêmes, c'est par elle aussi qu'il convient de nous habituer à estimer les autres. 11 ne faudra donc point se laisser séduire en eux ni par la fortune,

�� �