Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

(■.<:\!,iv IMŒFACE.

le charnier en le fortifiant; et Kanl a peut-ôlre une réminiscence un peu trop stoïcienne, quand il re- proche au devoir « de n'avoir rien d'agréable ni de » flatteur. » Le devoir n'est pas fait précisément pour nous plaire, il est fait pour nous commander. Mais la satisfaction intime dont il est suivi montre bien qu'il n'a rien d'antipathique à notre nature, ni d'in- compatible avec le plaisir. Il faut donc, pour être d'autant plus prêt à la vertu, se retrancher tous les besoins dont la privation ne fait pas souffrir la na- ture ; et plus on immolera de ces besoins inutiles, plus an se sentira heureux du sentiment de la liberté reconquise et agrandie.

Mais ce n'est là que la première moitié de la devise stoïcienne, Abstine.

L'autre, Sustine, est à la fois plus simple et plus facile. S'abstenir est encore une sorte d'activité. Au contraire, quand on supporte le mal, on est presque purement passif; et la constance est une vertu à peu près inerte, quoique l'effort tout intérieur qu'elle sup- pose, ne soit pas sans mérite, pour ne rien produire au dehors. Mais, avec un juste sentiment du devoir et un attachement modéré aux choses du monde, avec une foi inébranlable en la Providence, et avec une âme suffisamment énergique, il n'est guère do maux qu'on

�� �