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PREFACE. cc.xwvi!

aisément encore qu'on n'y entre. Cependant, il ne Tant jamais perdre de vue la fragilité humaine; et quelques chances qu'on ait de la victoire, il faut songer pour la mieux assurer aux chances possibles (le la défaite.

La première règle de la vie morale est donc une perpétuelle surveillance ; car, si l'on ne se rend pas clairement compte des motifs par lesquels on se dirige, on court grand risque de faire un faux pas, quoique d'ailleurs l'intention puisse rester pure. C'est en se représentant, sans se lasser jamais, la loi dans tout son désintéressement, qu'on trouve la lumière. Il faut interroger sou propre cœur, et le sonder dans ses replis les plus obscurs, qu'il ne conserve guère d'ail- leurs pour des yeux fermes et sincères. Dans toute action qui eu vaut la peine, il faut se demander où est le devoir, quelque douloureux qu'il puisse être ; et du moment qu'on le connaît, il est probable qu'on le suivra, si l'on a su de longue main se préparer aux sacrifices. Platon et Socrate ont semblé croire, dans un sentiment exagéré de philanthropie, qu'il suffisait à l'homme de connaître le bien pour le prati- quer. Cette maxime, comme je l'ai dit, est plus géné- reuse qu'exacte. Ce qui est vrai, c'est qu'agir sàus savoir ce qu'on fait, même quand on fait bien, n'est

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