(Lwxvi PREFACE.
connexion est irréalisable ici-bas. Oui, il est vrai que la vertu doit être récompensée, et que la justice de Dieu est indéfectible. Mais je dis que c'est là une conséquence qui ne regarde point l'homme, et qu'il doit laisser tout entière au souverain juge. C'est usurper en quelque sorte sur sa toute-puissance que de vouloir régler humainement cette proportion équi- table entre la vertu et le bonheur, dont lui seul a le secret. Kant apparemment ne médit pas de la vie et du monde, ainsi que le font trop souvent les âmes faibles. Comme la prudence n'est pas interdite à la vertu, il ne trouve pas sans doute qu'elle soit nécessairement malheureuse ici-bas. Ce n'est donc pas une question pratique, c'est une question de pure théorie que celle du souverain bien, telle qu'il se la pose. Dans la philosophie grecque, on la conçoit mieux, parce que le souverain bien était considéré comme le but suprême de la vie, et qu'il paraissait bon d'indiquer à l'homme ce but, sur lequel il devait, comme un habile archer, avoir les regards sans cesse lixés 1. Mais quand on comprend la loi morale , comme le fait Kant. et qu'on la donne si sagement pour le principe déterminant de la volonté, il faut
(!) Ai-i-fo!.". Monil- a Mrotnnqur, livre I. ••li. I. .^ 17.
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