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PKEFACE. ci.wxv

la vertu et le bonheur. 11 a beau dire que la vertu n'en reste pas moins le bien suprême ; il en diminue la pureté, en l'associant à cet autre bien, qui la com- plète et qui la récompense. 11 est périlleux de sou- mettre l'homme à cette alternative délicate ; et dans son intérêt, comme dans celui de la vérité, il faut dire résolument, et malgré toutes les réclamations de la sensibilité, que le souverain bien, le bien suprême et complet, c'est la. vertu, à laquelle nous nous devons tout entiers, et sans le moindre retour sur le salaire dont elle peut être suivie, et qu'elle s'assure d'autant plus certainement qu'elle y pense moins.

J'ai grand'peine, je l'avoue, à me séparer de Kant sur une question de cet ordre, surtout quand je pense qu'il a tâché d'y apporter toute l'attention dont sa grande âme était capable. Il sentait bien, ainsi qu'il le dit, que « dans la détermination » des principes moraux, la plus légère confusion n peut corrompre la pureté des idées. » Mais cepen- dant, je n'éprouve pas la moindre incertitude ; et je crois que ce noble cœur s'est trompé. Voici, ce semble, d'ouest venue son illusion. Oui, il est vrai que la raison , quand elle s'interroge elle-même impartialement, voit entre la vertu et le bonheur une connexion nécessaire, et que cependant cette

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