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l'atteindre pour deux motifs. D'une part, si l'on pla- çait le principe déterminant de la volonté dans le désir du bonheur personnel, on ruinerait toute morale eî toute vertu; par conséquent, on détruirait l'un des deux éléments constituants du souverain bien. D'autre part, les lois de la nature, dont nous ne disposons pas, s'opposent à ce qu'il y ait dans le monde une liaison nécessaire de cause à effet entre la vertu et le bonheur. Ainsi, le désir du bonheur ne peut être le mobile des maximes de la vertu ; et les maximes de la vertu ne peuvent être la cause du bonheur qu'on cherche. Telle est l'antinomie.

Kant la résout par le moyen de ce qu'il appelle les Postulats de la raison pratique, c'est-à-dire les conditions logiques que la raison impose à la réalisa- tion du souverain bien. Puisque ce bien n'est pas possible ici-bas, notre volonté n'étant jamais assez parlaitement conforme à la loi morale, il faut suppo- ser une existence et une personnalité indéfiniment persistantes, qui permettent à l'être raisonnable d'approcher de plus en plus, avec le temps, de la per- fection et de la sainteté, et même d'y atteindre plei- nement dans l'infinité de sa durée. L'immortalité de l'âme, qui ne peut être démontrée, est donc un postulat de la raison pratique. Un second, plus

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