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par un scrupule qu’il s’abstient de justifier, il ne croit pas ici pouvoir l’admettre, sauf à y revenir. En attendant, il veut bien la supposer ; et il va même jusqu’à se dire qu’il suffirait d’en analyser le concept pour en dériver la moralité tout entière avec son principe. Mais il n’ose point se risquer au-delà de cette hypothèse suffisamment audacieuse à ses yeux. Il avoue que « tous les hommes s’attribuent une volonté libre ; mais comme cette liberté n’est pas un concept de l’expérience, » Kant la réduit à n’être que « une idée de la raison, dont la réalité objective est douteuse en soi, et qui, échappant à toute analogie et à tout exemple, ne peut par cela même ni être comprise, ni même être saisie. » Il termine en faisant une allusion assez obscure à l’existence de Dieu, qu’il regarde comme une conséquence nécessaire de l’usage spéculatif de la raison, dans son rapport avec la nature.

Tel est le premier ouvrage de Kant que je me proposais d’examiner. Il peut donner une assez juste idée de sa méthode, de ses principes, de l’élévation de ses sentiments moraux, et malheureusement aussi de ses défauts, qui sont bien graves.

Le second qui est encore plus difficile à lire est la Critique de la raison pratique, destinée à faire pen-