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s'il (levait s'y arrêter toutes les fois qu'il doit agir, il est évident que dans la plupart des cas il n'agirait point. Si l'on objecte que ce précepte n'est d'applica- lion que dans les circonstances graves, où la délibé- ration mûre et réfléchie est possible, je dis encore, sauf le respect que j'ai pour Rant, que sa règle n'est pas bonne, et l'exemple qu'il cite lui-même aurait du le lui prouver. « Puis-je, pour me tirer d'embarras, » faire «me promesse, que je n'ai pas l'intention de >) tenir ? » Je demande si, pour résoudreune question pareille, il est besoin de se faire cette autre question : <( Vcrrais-je avec satisfaction ma maxime érigée en » une loi universelle ? » Il est trop clair qu'il n'en est absolument rien, et que, quand on se demande si le mensonge est un moyen légitime de sortir d'em- barras, on se répond sur le champ que le mensonge n'est pas permis. « Je puis bien vouloir le mensonge, » ajoute Kant ; mais je reconnais aussitôt que je ne >' puis vouloir en faire une loi universelle. » Puisque Kant fait appel à l'expérience, il faut lui dire que les choses ne se passent point du tout ainsi. On ment parfois tout en se disant qu'on fait mal de mentir. Mais l'intérêt du moment qui presse, et la faiblesse de l'âme s'accordent pour nous faire succomber. Kant, en outre, ne s'aperçoit pas que par son pré-

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