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LIVUE VII, CH. XII, S '23. hhl

au cœur d'un ami, (juand il est dans le malheur. Parfois, nous souhaitons que nos amis soient bien loin de nous, et ne partagent pas notre douleur, quand ils n'y pourraient rien. Parfois, on trouverait leur présence la plus douce consolation qu'on pourrait goûter. Cette contradiction apparente n'a rien de déraisonnable ; elle s'explique par tout ce que nous venons de dire. D'une manière absolue, nous voulons éviter de voir une douleur quelconque, et même un simple embarras à notre ami, autant que nous l'éviterions pour nous-mêmes. D'un autre côté, s'il est une douce chose parmi les choses les plus douces de la vie, c'est de voir son ami, par les motifs que nous avons indi- qués, et de le voir sans souffrance, même quand on souffre personnellement. § 23. Mais, selon que le plaisir l'emporte dans l'un ou l'autre sens, on incline à désirer la présence de l'ami ou son absence. C'est là le senti- ment qu'éprouvent, et par une cause toute pareille, les cœurs d'une nature inférieure ; et très-souvent, ils désirent dans le malheur qui les atteint, que leurs amis ne soient pas plus heureux, afin de n'être pas seuls à souffrir de la nécessité qui les frappe. Il vont même alors quelquefois

jusqu'à tuer avec eux ceux qu'ils aiment s'imaginant

sans doute que leurs amis sentiront ainsi davantage leur

��aruère que les emportenienis les plus pas plus heureux. Ces sentiments

passionnés de Tamonr qui aillent égoïstes et bas sont trop rares pour

jusque-là. qu'il fût nécessaire de les étudier. —

§ 22. Cette contrtuliction appa- A soujfrlr de la nécessité qui les

rc?if^. J'ai ajouté ce dernier mol, qui frappe. Le texte en cet endroit est

me semble ressortir de tout le cou- fort altéré; et j'ai dû en tirer le sens

texte. qui m'a paru le pins vraisemblable.

§ 23. (Juc leurs atuis ne soient — Scnliro'it (liii.'ii (luvanltKjc leur

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