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LIVRE VII, CH. VI, g 7. 399

autre point de vue, on semble surtout aimer celui dont on souhaite l'existence pour lui seul, et non pour soi-même, sans même avoir part à ses biens, et sans vivre avec lui. § 5. Enfin, au dernier point de vue encore, on trouve que l'ami est celui avec qui l'on veut vivre pour sa société toute seule et sans aucun autre but, comme les pères qui souhaitent bien l'existence de leurs enfants, mais qui vivent avec d'autres personnes.

§ 6. Toutes ces opinions sur l'amitié se combattent et s'excluent mutuellement. L'un exige que les amis ne songent absolument qu'à vous seul ; l'autre, qu'ils ne pensent jamais qu'à votre existence ; un troisième, qu'ils ne désirent de vivre qu'avec vous ; ou autrement, et sans ces conditions, on déclare que ce n'est plus là de l'amitié. § 7. Quant à nous, nous croyons que partager la douleur de quelqu'un sans aucune arrière-pensée, c'est lui donner une preuve d'affection réelle- Mais il ne faut pas que ce soit commue les esclaves, qui soignent leurs maîtres, parce que d'ordinaire ces malades sont d'un humeur peu facile, mais qui, tout en donnant ces soins, ne pensent guère à eux. Il faut que ce soit comme les mères, qui partagent le chagrin de leurs enfants, ou comme certains oiseaux mâles

��vidu avec lui-même; et c'est pour mutuellement. Il semble qu'e'les

cela qu'on les énumère ici. Voir un peuvent tout aussi bien s'accorder,

peu plus bas, § 10. et qu'au fond ces opinions n'ont rien

§ 5. Comme Icspcrcs. Comparaison de contradictoire,

qui n'est point assez préparée, et qui § 7. Parce que d'ordinaire rc.ç

n'est pas même très-juste, puisque malades. Réflexion assez élranfçe; et

les pères vivent en général beaucoup qui ne laisse pas d'ailleurs que d'êlie

avec leurs enfants. favorable aux esclaves. — Comme

g 6. Se combattent et s'excluent certains oiseaux mâles. L'original

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