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LIVRK Vil, CH. II, g 53. 383

ment les uns et les autres ; il révèle les vrais et les faux amis. On ne voit pas sur le champ qu'un homme ne vous est attaché que par intérêt ; mais on distingue assez vite celui qui plaît, bien qu'on ne puisse pas dire non plus qu'il suflise d'un instant pour reconnaître celui qui doit vous plaire absolument. On pourrait assez bien comparer les hommes aux vins et aux aliments. On en sent la douceur sur le champ ; mais avec un peu plus de temps, l'objet devient désagréable, et il cesse de plaire au goût. 11 en est tout à fait de même pour les hommes ; et ce qui en eux est agréable absolument, ne se reconnaît qu'à la fin et avec le temps. § 52. Le vulgaire lui-même pourrait se convaincre de la justesse de cette observation, d'abord d'après les faits qu'on peut observer dans la vie; mais en outre, <in peut voir qu'il en est ici comme de ces boissons qui semblent plus douces que d'autres, non pas précisé- ment qu'elles soient agréables par la sensation qu'elles donnent, mais seulement parce qu'on n'y est pas habitué et qu'elles trompent au premier abord.

§ 53. Concluons donc de tout ceci que la première et parfaite amitié, celle qui fait donner à toutes les antres le nom qu'elles portent, est l'amitié que forment la vertu et le plaisir causé par la vertu, ainsi que je l'ai déjà dit plus

��§ 51. On ne voit pas non ptus sur $ 53. Comme de ces boissons. Ré-

le champ. Idées trop peu liées en- pélilion, sous une forme un peu plus

tr'elles, toutes vraies qu'elles sont, précise, de ce qui vient d'être dit. —

— Vous plaire absolument. Kl deve- Parce qu'on n'y est pas habitué. 11 nir avec le temps un véritable ami. est très-diflicile en etrct do résisler à

— Comparer les hommes aux vins. VMmW de la nouveauté.

La comparaison est assez juste, § 53. Ainsi que je l'ai déjà dit.

quoique peu relevée. Dans tout le cours de ce chapitre.

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