382 MORALE A EUDÈME.
n'est pas possible d'agir à la fois à l'égard de tant de gens.
§ li9. Il est clair d'après tout cela qu'on a eu raison de dire que l'amitié est quelque chose de solide, comme le bonheur est quelque chose d'indépendant ; et je répète qu'on a eu bien raison, parce qu'il n'y a que la nature de solide, et que les choses extérieures ne le sont jamais. § 50. Mais on a dit bien mieux encore que la vertu est dans la nature, que c'est le temps qui montre si l'on est aimé sincèrement, et que l'infortune éprouve les amis bielî plus que la prospérité. C'est en effet dans les cir- constances pénibles qu'on reconnaît évidemment si les biens sont communs entre amis ; car alors les amis véri- tables sont les seuls qui, sans s'inquiéter des biens et des maux auxquels notre nature est si sensible, et qui sont la matière habituelle du malheur et du bonheur des hommes, préfèrent la personne même de leur ami, et ne regardent point à savoir si ces biens ou ces maux existent ou n'existent pas. § 51. L'infortune découvre ceux qui ne sont pas des amis véritablement, et qui ne l'ont été que par un intérêt passager. Ainsi, le temps les révèle égale-
��Ccst ce que Molière a si admirable- chant f|u'en viulant les lois les plus
ment exprimé dans le Misanthrojje : certaines de son être. — Si les bieris
«L'ami du genre humain n'est pas sotU communs ent?-" amis. Cette com-
du tout mon fuit». — D'agir à ta fois, munauté de sentiments, et au besoin
D'être ami actuellement ut réellement, cette communauté de biens, étant une
§ 49. // n'y a que la nature de marque certaine d'une incontestable
solide. On voit dans quel sens res- amitié. — Sans s'inquiéter des biens
Ireint est pris ici le mot de nature. et des maux. Expression insuflisanle
§ 50. La vertu est dans ta nature, d'une pensée très-noble et très-vr;iie.
Pour l'homme en particulier, la vertu — Préfèrent la personne mânc.
esl sa naiure propre ; et il n'est mé- Expression simple et forle.
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