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LIVRE III, CH. V, g 20. 330

grandeur en aucun sens; il n'est pas digne de grands honneurs; mais il n'a pas non plus de grandes préten- tions; et par conséquent l'on ne peut pas dire que ce soit là un vrai contraire de la magnanimité. § 18. Toutefois on pourrait trouver que se croire digne de grandes dis- tinctions, quand on les mérite en réalité, a bien pour con- traire de se croire digne de minces honneurs, quand de fait on n'en mérite pas davantage. Mais à y regarder de près, il n'y a pas ici de contraire véritable, parce que l'homme qui se rend à lui-même cette justice ne saurait être blâmable, non plus que le magnanime. Il se conduit comme le veut la raison ; et dans son genre, il ressemble parfaitement au magnanime lui-même. Tous deux égale- ment ils se jugent dignes des honneurs dont ils sont juste- ment dignes. § 19. Il pourra donc devenir magnanime, puisqu'il saura toujours se juger digne de ce qu'il mérite. Mais quant à l'autre, qui a de la petitesse d'âme, et qui, en étant doué de grands avantages qui méritent tous les honneurs, s'en croit pourtant indigne, que dirait-il donc s'il n'était digne véritablement que des plus minces hon- neurs? Il se croyait vaniteux d'aspirer à de grands hon- neurs; il se le croit encore en songeant à des honneurs au-dessous de son mérite, g 20. Aussi, l'on ne pourrait pas accuser quelqu'un de petitesse d'âme, si, n'étant qu'un simple métœque, il se croyait indigne du pouvoir et se soumettait aux citoyens. Mais on pourrait fort bien adresser

��§ 20. Un simple riictœq^ie. Les le rang et les droits de citoyens, inétœques à Athènes étaient des § IT». S'en croit pourtant indigne.

étrangers qui avaient obtenu le Dans quelques cas, ce pourrait n'être

permis de séjour et quelques droits que de la modestie; et celte réserve

particuliers , sans pour cela avoir serait louable.

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