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LIVRE III, CH. V, § 15. 337

qu'il faut chercher le magnanime. § 12. Il y a donc ici quatre nuances différentes, qu'il faut nécessairement dis- tinguer. D'abord, on peut être digne de grands honneurs et s'en croire digne soi-même. En second lieu, il se peut qu'on ne soit digne que de très-minces honneurs et qu'on ne prétende qu'à ceux-là. Enfin, il est possible que les conditions soient à l'inverse dans les deux cas; et j'entends par là qu'on pourrait, tout en ne méritant que le plus petit honneur, se croire digne des plus grands ; ou qu'en étant réellement digne des plus grands honneurs, on se contente dans sa pensée des plus petits. § 13. Quand on est digne de peu, et qu'on se croit digne de tout, on est blâmable ; car il est insensé, et il n'est pas bien d'accepter des distinctions sans les avoir méritées. Mais on est blâ- mable aussi, quand on mérite pleinement les avantages qui vous arrivent, de ne pas s'en croire digne soi-même. § Ih. Mais il reste l'homme d'un caractère contraire à ces deux-là, et qui, étant digne des plus grandes distinctions, s'en croit digne comme il l'est en effet, et qui est capable de se rendre à lui-même toute justice. Il n'y a que lui qui en ceci mérite des éloges, parce qu'il sait tenir le vrai milieu entre les deux autres.

§ 15. Ainsi, la grandeur d'âme est la disposition morale qui nous fait apprécier le mieux comment il faut recher-

��§ 12. Quatre nuancea différentes. i\e pas s'en croire digne. Conseils

Ces distinctions sont peut-être un très-vrais, mais dont la vanité et la

peu subtiles, sans d'ailleurs être modestie pourraient abuser, chacune

fausses. On en tirera un peu plus bas dans leur sens,

des conséquences pratiques qui ne § 14. Se rendre à lui-même toute

sont pas sans importance. justicd II est toujours fort dillicile

§13, Sans les avoir méritées.... d'être jug^e dans sa propre cause;

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