LIVRE III, CH. V, ^ 10. 335
quand il fut condamné, disait à Agathon qui le compli- mentait de sa défense. En un mot, la négligence pour bien des choses paraît être le signe propre et principal de la grandeur d'âme. § 8. Aussi, pour tout ce qui concerne les honneurs, la vie et la richesse, dont les hommes en général se montrent si ardemment préoccupés, le magna- nime ne pense guère qu'à l'honneur; et il oublie à peu près tout le reste. La seule chose qui pourrait l'affliger, ce serait d'être insulté et de subir le commandement d'un chef indigne. Sa joie la plus vive, c'est de garder son honneur et de n'obéir qu'à des chefs dignes de lui commander.
§ 9. On peut trouver que dans cette conduite, il ne laisse pas que d'y avoir quelque contradiction, et que tenir tant à l'honneur et dédaigner en même temps la foule et l'opinion, ce sont des choses qui ne s'accordent guères. Mais il faut préciser et éclaircir cette question. § 10. L'honneur peut être petit ou grand, en deux sens divers ; il peut différer, et selon qu'il vous vient , soit de
��Sophiste qui fit partie de la tyrannie le sens que je donne comme étant
des Quatre cents, et dont Thucydide, plus conforme à la noblesse du carar-
son disciple, parle avec admiralioii tère ([iron décrit ici. Le magna-
VIII, 68, p. 357, édit. de F. Didot. nime en efl'et s'inquiète peu du
— A Agathon. Le poète, qu'Aristote pouvoir pour lui-même ; mais il peut
cite plus d'une fois et qui figure dans s'inquiéter de savoir ù qui il obéit,
le Banquet de Platon. — La ucgli- § 9. Tenir tant à Pkoinieur et
gence -pour bien des choses. Sous- dédaigner... la foule. C'est que le
entendu : « petites ». magnanime ne croit pas que la foule
§ 8. A des chefs dignes de lui soit un bon juge de ces délicates
commander. Le texte n'est pas aussi questious.
précis; et l'on pourrait entendre que §10, L'honneur peut être petit
la joie la jjIus vive du magnanime ou. grand. Réflexion admirable,
est d'obtenir le pouvoir. J'ai préféré — Est vraiment de pris. G'est'eu.
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