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LIVRE III, CH. Il, g lô. 325

goûtent pas les choses qui ne font impression que sur l'extrémité de la langue ; ils goûtent surtout celles qui agissent sur le gosier ; et la sensation qu'ils ressentent ressemble plutôt à un toucher qu'à une véritable dégus- tation. Aussi, les gourmands ne désirent-ils pas avoir une langue bien développée ; ils désirent plutôt un long cou de cigogne, comme Philoxène d'Eryx. Donc, en résumé on peut dire d'une manière générale que l'intempérance se rapporte tout entière au sens du toucher.

§ 13. De même aussi l'on peut dire que l'intempérant est intempérant dans les choses de cet ordre. L'ivrognerie, la gourmandise, la luxure, la débauche et tous les excès de ce genre, ne se rapportent qu'aux sens que nous venons d'indiquer, et qui comprennent toutes les divisions qu'on peut établir dans l'intempérance. § lA. Personne n'est appelé intempérant et débauché pour les sensations de la vue, ni pour celles de l'ouïe ou de l'odorat, même quand ils les prend avec excès. Tout ce' qu'on peut faire contre ces derniers excès, c'est de les blâmer, sans mépriser pour cela celui qui les commet, comme en général on blâme toutes les actions où l'on ne sait pas se dominer. Mais pour ne pas savoir se modérer, on n'est pas débauché, bien qu'on ne soit pas sage.

§ 15. L'homme insensible, ou quel que soit le nom dif-

��%\'2. Sur V extrémité de la langue, où ce gourmand célèbre est égale- Ce fait (le physioloi^ie compa- ment cilé. — Au sens du touclicr. rée est exact. I! serait curieux de Répétition de ce qui vient d'être savoir par quelles observations les dit, % 9.

anciens étaient arrivés à le consta- S li. Pour les sensations de la

ter. — Philoxène. Voir la Morale à vue. Même remarque. — Sans vu-

Nicrimaque livre III, ch. 11, § 10, priser celui qui les eonimet^ La

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