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est blâmable, et que la vertu est digne de louange. Les choses involontaires, toutes honteuses et mauvaises qu’elles peuvent être, ne sont pas blâmables ; ce ne sont pas les bonnes qui sont louables ; ce sont les volontaires. Nous regardons plus aux intentions qu’aux actes pour louer ou blâmer les gens, bien que l’acte soit préférable à la vertu, parce qu’on peut faire le mal par suite d’une nécessité, et qu’il n’y a pas de nécessité qui puisse jamais violenter l’intention. § 12[1]. Mais, comme il n’est pas facile de voir directement quelle est l’intention, nous sommes forcément obligés de juger du caractère des hommes d’après leurs actes. § 13[2]. L’acte vaut certainement plus que l’intention ; mais l’intention est plus louable. C’est là une conséquence qui résulte des principes posés par nous ; et de plus, cette conséquence s’accorde parfaitement avec les faits qu’on peut observer.


FIN DU LIVRE DEUXIÈME.
  1. Mais, comme il n’est pas facile…. C’est là ce qui donne tant d’importance aux actes, sans même parler des conséquences plus ou moins graves qu’ils peuvent avoir.
  2. L’intention est plus louable. C’est le principe de Kant : « Il n’y a d’absolument bon au monde qu’une bonne volonté ». Voir plus haut, Gr. Morale, livre I, ch. 18, § 1.