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dans tel cas qu’il s’agit de votre père, et vous agissez comme vous faites, non pour le tuer mais pour le sauver. Par exemple, les filles de Pélias se trompèrent de cette façon. Ou bien, on se trompe comme se trompent les gens qui donnent un breuvage en croyant que c’est un philtre ou du vin, tandis que c’est du poison. Ce que l’on fait par ignorance des personnes et des choses, et des moyens qu’on emploie, est involontaire ; et le contraire est volontaire. § 3[1]. Ainsi donc, toutes les choses que l’individu fait, bien qu’il dépende de lui de ne les pas faire, et toutes les choses qu’il fait sans les ignorer et où il agit par lui-même, doivent nécessairement passer pour des choses volontaires ; et c’est là ce qu’on entend par la liberté, par le volontaire. Au contraire, tout ce qu’on fait en ignorant ce qu’on fait, et parce que l’on ignore, doit passer pour involontaire. § 4[2]. Mais comme savoir ou connaître peut s’entendre en un double sens, et qu’il signifie tantôt posséder la science, et tantôt s’en servir actuellement, celui qui possède la science, mais qui n’en use pas, peut en un sens être justement appelé ignorant, et dans un autre sens, il ne peut pas l’être justement ; par exemple, si c’est par une négligence coupable qu’il ne s’est pas servi

  1. Par la liberté, par le volontaire. Ce dernier mot est le seul dans le textes.
  2. Peut s’entendre en un double sens. La distinction est très-réelle ; mais l’auteur ne semble pas en tirer toutes les conséquences qu’elle porte. Voir la Morale à Nicomaque, livre VII, ch. 3, § 5.