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sont-ils contraints et forcés ? L’un des deux seulement agit-il par suite d’une violence ? L’homme tempérant et l’intempérant agissent-ils sans le vouloir ? Agissent-il tous les deux et par force à la fois et volontairement ? Et si l’acte imposé par la violence est toujours involontaire, peut-on dire qu’ils agissent tout ensemble et de leur plein gré et par force ? C’est d’après les explications que nous avons données qu’on peut, ce nous semble, répondre à toutes ces difficultés.

§ 16[1]. Dans un autre sens, on dit encore qu’on agit par force et par nécessité, sans même que l’appétit et la raison soient en désaccord, quand on fait une chose qu’on trouve pénible et mauvaise, mais quand on serait exposé, si on ne la faisait pas, à des sévices personnels, aux fers, à la mort. Dans tous ces cas, on dit qu’on a obéi à une nécessité. § 17[2]. Ou bien, cette hypothèse même n’est-elle pas ; inexacte ? N’est-ce donc pas toujours de sa libre volonté qu’on agit dans tout cela ? Et ne peut-on pas toujours refuser de faire ce qu’on exige de nous, en supportant toutes les souffrances dont on nous menace ? § 18[3]. Il y a ici certains points qu’on peut admettre, et d’autres qu’il faut repousser. Toutes les fois qu’il s’agit de choses où il dépend de nous qu’elles soient ou ne soient pas, du moment

  1. Dans un autre sens. Cette transition peut paraître insuffisante ; car le nouvel ordre d’idées qu’elle annonce, est complètement différent de toutes les idées qui précèdent.
  2. De sa libre volonté, La volonté n’est pas aussi entière dans les cas extrêmes. Mais il est vrai qu’elle existe toujours, et c’est précisément dans de telles circonstances qu’elle peut montrer toute sa force.
  3. De choses où il dépend de nous. Distinction très-exacte, et qui n’exclut pas les résolutions héroïques, quand le cas l’exige et que la raison le permet.