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un des éléments qui sont en eux qui agit de force, puisque nous avons naturellement en nous les deux mobiles à la fois. La nature veut que ce soit la raison qui commande, puisque la raison doit être en nous, quand notre organisation originelle est laissée à son propre développement, et qu’elle n’a pas été altérée ; ce qui n’empêche pas que la passion et le désir n’y aient aussi leur place, puisqu’ils nous sont également donnés en même temps que la vie. § 14[1]. En effet, c’est par ces deux caractères à peu près exclusivement que nous déterminons la vraie nature des êtres : d’un côté d’abord, par les choses qui appartiennent à tous les êtres de la même espèce dès qu’ils sont nés ; et ensuite, par les choses qui se passent plus tard en eux, quand on laisse leur organisation primitive se développer régulièrement, comme la blancheur des cheveux, la vieillesse, et tous les autres phénomènes analogues. En résumé, on peut dire que ni le tempérant ni l’intempérant n’agissent conformément à la nature ; mais, absolument parlant, l’homme tempérant et l’intempérant agissent selon leur nature ; seulement, cette nature n’est pas la même de part et d’autre.

§ 15[2]. Voilà donc les questions soulevées en ce qui regarde l’homme tempérant et l’intempérant. Tous les deux

  1. Conformément à la nature. Qui veut d’une part que la raison commande, et qui veut aussi d’autre part que le désir soit satisfait.
  2. Voilà donc les questions. Résumé de toutes ces questions, qui ont assez subtiles comme le prouvent tous les développements antérieurs. — Répondre à toutes ces difficultés. L’auteur semblait en avoir fait assez bon marché pour qu’il n’eût plus à y revenir, même afin de les résumer.