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y sont portées volontairement ; et cette opposition n’a pas reçu de nom particulier. Mais quand elles sont poussées contre cette tendance naturelle, nous disons que c’est par force qu’elles se meuvent ainsi. § 4[1]. De même pour les animaux et les êtres vivants, on peut voir qu’ils font et qu’ils souffrent bien des choses par force, quand une cause extérieure vient à les mouvoir contrairement à leur tendance naturelle. Dans les êtres inanimés, le principe qui les meut est simple. Mais dans les êtres animés, il peut être fort multiple ; car l’instinct et la raison ne sont pas toujours parfaitement d’accord. § 5[2]. La force agit d’une manière absolue dans les animaux autres que l’homme, précisément comme elle agit dans les choses inanimées ; car chez eux la raison et l’instinct ne se combattent pas ; et ces êtres ne vivent que selon l’instinct qui les domine. Dans l’homme au contraire, il y a les deux mobiles ; et ils s’exercent sur lui à un certain âge, auquel nous supposons qu’il a la faculté d’agir. Ainsi, nous ne disons pas que l’enfant agit à proprement parler, non plus

  1. Pour les animaux et les êtres vivants. Des choses inanimées, l’auteur s’élève aux êtres vivants et aux animaux, pour arriver jusqu’à l’homme qui a le privilège d’être une cause intelligente et libre.
  2. Précisément comme elle agit dans les choses inanimées. C’est aller trop loin ; et l’on ne peut assimiler tout à fait l’instinct, qui conduit les bêtes, aux lois nécessaires qui régissent les choses inanimées. On fait encore une part plus belle aux animaux en les regardant comme des automates. — L’instinct et la raison ne se combattent pas. Comme chez l’homme. — Non plus que l’animal. Ici encore, c’est trop ravaler l’enfant ; car il a de très-bonne heure le sentiment réel de sa faute ; ce que l’animal n’a jamais.