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��MORALE A EUDÈME.

��propre raison ; il fait acte d'intempérance, quand il agit suivant le désir qui l'emporte. j\îais on n'est coupable que parce qu'on le veut bien, et il s'en suit qae l'intempérant se rend coupable parce qu'il agit suivant sa passion. 11 agit donc avec pleine volonté ; et toujours ce qui est con- forme à la passion est volontaire. Ce serait une absur- dité de croire qu'en devenant intempérants les hommes deviennent moins coupables.

§ 7. D'après ces considérations, il semblerait donc que ce qui est conforme au désir est volontaire. Mais voici d'autres considérations qui sembleraient prouver tout le contraire. Tout ce qu'on fait librement, on le fait en le voulant ; et tout ce qu'on fait en le voulant, on le fait librement. Or , personne ne veut ce qu'il croit mal. Ainsi, l'intempérant qui se laisse dominer par sa passion, ne fait pas ce qu'il veut; car, faire pour contenter son désir le contraire de ce qu'on croit le meil- leur, c'est se laisser emporter par sa passion. Il résulte par conséquent de ces arguments contraires que le mêm'e homme agira volontairement et involontairement. Mais c'e^t là une impossibilité manifeste. ^ 8. D'un autre côté,

��coupable en se livrant à ses vices, pré- cisément parce qu'on pourrait y résis- ter. — Deviennent moins coupables. En n'étant pour rien, à ce qu'on supposerait, dans l'action mauvaise qu'ils commettent, emportés et aveu- glés par leurs passions.

§ 7. Prouver tout le contraire. U est dans les habitudes d'Aristote (le présenter en général sur toutes les (inestions les nrguuicnls en sens con-

��traire, avant de se prononcer lui- même; et cette impartialité nuit même par fois à la netteté de son ju- gement. — Personne ne veut ce qu'il croit mal. C'est en ce sens que Platon a soutenu cette théorie, si souvent réfutée par Aristote, que le vice est toujours involontaire. — Volontaire- ment et involontairement. Subtilités sophistiques, auxquelles se plaisaient beaucoup les Grecs.

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