coupable en se livrant à ses vices, précisément parce qu’on pourrait y résister. — Deviennent moins coupables. En n’étant pour rien, à ce qu’on supposerait, dans l’action mauvaise qu’ils commettent, emportés et aveuglés par leurs passions.</ref>. Ajoutez que toute action vicieuse rend l’homme plus mauvais. Ainsi, l’intempérance est certainement un vice. Or, l’intempérant est celui qui pour satisfaire son désir est capable d’agir contre sa propre raison ; il fait acte d’intempérance, quand il agit suivant le désir qui l’emporte. Mais on n’est coupable que parce qu’on le veut bien, et il s’en suit que l’intempérant se rend coupable parce qu’il agit suivant sa passion. Il agit donc avec pleine volonté ; et toujours ce qui est conforme à la passion est volontaire. Ce serait une absurdité de croire qu’en devenant intempérants les hommes deviennent moins coupables.
§ 7[1]. D’après ces considérations, il semblerait donc que ce qui est conforme au désir est volontaire. Mais voici d’autres considérations qui sembleraient prouver tout le contraire. Tout ce qu’on fait librement, on le fait en le voulant ; et tout ce qu’on fait en le voulant, on le fait librement. Or, personne ne veut ce qu’il croit mal. Ainsi, l’intempérant qui se laisse dominer par sa passion, ne fait pas ce qu’il veut ; car, faire pour contenter son désir le contraire de ce qu’on croit le meilleur, c’est se laisser emporter par sa passion. Il résulte par conséquent de ces arguments contraires que le même homme agira volontairement et involontairement. Mais c’est là une impossibilité manifeste. § 8[2]. D’un autre côté,
- ↑ Prouver tout le contraire. Il est dans les habitudes d’Aristote de présenter en général sur toutes les questions les arguments en sens contraire, avant de se prononcer lui-même ; et cette impartialité nuit même par fois à la netteté de son jugement. — Personne ne veut ce qu’il croit mal. C’est en ce sens que Platon a soutenu cette théorie, si souvent réfutée par Aristote, que le vice est toujours involontaire. — Volontairement et involontairement. Subtilités sophistiques, auxquelles se plaisaient beaucoup les Grecs.
- ↑ De là, une contradiction nouvelle. Même remarque.