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le cœur, le désir. Par conséquent, il faut admettre une division analogue dans l’acte volontaire ; et il faut le considérer d’abord relativement au désir. § 3[1]. Il semble à première vue que tout ce qui se fait par désir est volontaire ; car l’involontaire paraît toujours être une contrainte. La contrainte, résultat de la force, est toujours pénible, ainsi que tout ce qu’on fait ou tout ce qu’on souffre par nécessité ; et, comme le dit fort bien Evénus :

« Tout acte nécessaire est un acte pénible. »

§ 4 Ainsi, l’on peut dire que si une chose est pénible, c’est qu’elle est forcée ; et que, si elle est forcée, elle est pénible.

§ 5 Mais tout ce qui se fait contre le désir est pénible, puisque le désir ne s’applique jamais qu’à un objet agréable ; et par conséquent, c’est un acte forcé et involontaire. Réciproquement, ce qui est selon le désir est volontaire ; car ce sont là des affirmations qui sont contraires les unes aux autres.

§ 6<ref>Ajoutez que toute action vicieuse. Il manque ici une transition. L’idée intermédiaire serait celle-ci : « L’action, qui est suivant le désir, est toujours volontaire, qu’elle soit d’ailleurs bonne ou vicieuse. » On est

  1. Evénus. Poète un peu antérieur au temps d’Aristote, et que nous avons déjà vu cité, Morale à Nicomaque, livre VII, ch. 10, § 4. Platon semble aussi en avoir fait quelqu’estime. Voir l’Apologie p. 69, le Phédon, p. 191, et le Phèdre, p. 100 de la traduction de M. Cousin. Ce même vers se retrouve dans la Rhétorique, livre I, ch. 11, p. 1370, a 10, édit de Berlin, et dans la Métaphysique, livre IV, ch. 5, p. 1015, a, 29, même édit.