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principes de ces choses soient également variables ; car tout ce qui résulte de choses nécessaires est nécessaire comme elles. Mais les choses qui viennent de cette autre cause signalée par nous, peuvent être autrement qu’elles ne sont. C’est souvent le cas pour ce qui dépend de l’homme et ne relève que de lui ; et voilà comment l’homme se trouve être cause et principe d’une foule de choses de cet ordre.

§ 10[1]. Une conséquence de ceci, c’est que pour toutes les actions dont l’homme est cause et souverain maître, il est clair qu’elles peuvent être et ne pas être, et qu’il ne dépend que de lui que ces choses arrivent ou n’arrivent pas, puisqu’il est le maître qu’elles soient ou ne soient point. Il est donc la cause responsable de toutes les choses qu’il dépend de lui de faire ou de ne pas faire ; et toutes les choses dont il est cause, ne dépendent que de lui seul.

§ 11[2]. D’autre part, la vertu et le vice, ainsi que les actes qui en dérivent, sont les uns dignes de louange et les autres dignes de blâme. Or, on ne loue et l’on ne blâme jamais les choses qui sont le résultat de la nécessité, de la nature, ou du hasard ; on ne loue et l’on ne blâme que celles dont nous sommes les causes ; car toutes

  1. Il est donc la cause responsable. Ces théories, si importantes pour la conduite de la vie, n’ont jamais été plus nettement exprimées qu’elles ne le sont ici. Ces grands principes sont attestés hautement à l’homme par sa conscience ; mais tant de systèmes les ont méconnus ou niés, qu’on doit savoir gré au philosophe qui le premier les a si fermement défendus.
  2. Dignes de louange… dignes de blâme. Arguments qu’on retrouve dans la Morale à Nicomaque et dans la Grande Morale, et qui depuis lors ont été bien des fois répétés.