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après avoir reconnu que le bien suprême dans la vie est ce qui est conforme à la droite raison, c’est-à-dire ce qui tient le juste milieu entre l’excès et le défaut relativement à nous, il faut nécessairement reconnaître aussi que la vertu morale, pour chaque individu en particulier, est un certain milieu, ou un ensemble de certains milieux, en ce qui concerne ses plaisirs et ses peines, ou les choses agréables et douloureuses qu’il peut ressentir. § 2[1]. Parfois, le milieu ne sera que dans les plaisirs où se trouvent aussi l’excès et le défaut ; quelquefois, il ne sera que dans les peines ; et quelquefois, dans les deux ensemble. L’homme qui a un excès de joie, a par cela même un excès de plaisir ; et celui qui a un excès de peine, pèche par un excès contraire. Ces excès d’ailleurs peuvent être ou absolus, ou relatifs à une certaine limite qu’ils ne devraient pas franchir ; et c’est, par exemple, quand on éprouve ces sentiments autrement que tout le monde, tandis que l’homme bien organisé est celui qui sent les choses comme il faut les sentir. § 3[2]. D’autre part, comme il y a un certain état moral, qui fait que ceux qui sont en cet état, peuvent être pour une seule et même chose ou dans l’excès ou dans le défaut, il y a nécessité, ces extrêmes étant contraires, et l’un à l’autre réciproquement, et au milieu qui les sépare, que ces états soient également

  1. Le milieu ne sera que dans les plaisirs. Pensée obscure, qu’il aurait été bon d’éclaircir par quelque exemple. — Un excès de joie… Un excès de plaisir. C’est presque une tautologie.
  2. Un certain état moral. Il eût peut-être été préférable de dire au pluriel : « certains états moraux », afin que la pensée fût puis claire.