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un homme heureux, on ne doit regarder qu’au but et à la fin même de toute sa vie. § 13[1]. Ces considérations éclaircissent une question assez bizarre que parfois on soulève : Pourquoi, dit-on, les bons ne sont-ils pas pendant la moitié de leur existence meilleurs que les méchants, puisque tous les hommes dans le sommeil se ressemblent ? C’est que le sommeil, peut-on répondre, est l’inaction de l’âme et non pas l’acte de l’âme. § 14[2]. Voilà encore pourquoi si l’on considère quelque autre partie de l’âme, et, par exemple, la partie nutritive, la vertu de cette partie n’est pas une partie de la vertu entière de l’âme, pas plus que n’y est contenue la vertu du corps. C’est la partie nutritive qui, durant le sommeil, agit le plus énergiquement, tandis que la sensibilité et l’instinct y sont imparfaits et à peu près éteints. Mais si alors il y a encore quelque mouvement, les rêves mêmes des bons valent mieux que ceux des méchants, à moins de maladie ou de souffrance.

§ 15[3]. Tout ceci nous mène à étudier l’âme ; car la vertu appartient essentiellement, à l’âme et non pas par simple

  1. Une question assez bizarre. Cette épithète n’est pas dans l’original ; mais il m’a semblé qu’elle ressortait du contexte ; et la question ne vaut pas la peine en effet d’être posée, bien qu’elle se retrouve aussi dans la Morale a Nicomaque, livre I, chap. 6, § 8. — Peut-on répondre. Ceci n’est pas dans le texte.
  2. C’est la partie nutritive qui, durant le sommeil. Détails physiologiques plus ou moins exacts, mais qui n’ont rien à faire dans la question. — Les rêves mêmes des bons. Idées étranges à cette place, bien qu’elles ne soient peut-être pas fausses.
  3. À étudier l’âme. Morale à Nicomaque, livre I, ch. 11, § 7. — La vertu appartient essentiellement, à l’âme. C’est se faire une grande et juste idée de l’âme humaine. Cette doctrine est d’ailleurs toute platonicienne. — Cette autre partie de l’âme. Sans doute la partie nutritive.