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y a tout ensemble et vertu de l’art de la cordonnerie et vertu du bon cordonnier, l’œuvre qui en résulte est un bon soulier. Même observation pour toute autre chose qu’on pourrait citer. § 7[1]. Supposons encore que l’œuvre propre de l’âme soit de faire vivre, et que l’emploi de la vie soit la veille avec toute son activité, puisque le sommeil n’est qu’une sorte d’inaction et de repos. Par suite, comme il faut nécessairement que l’œuvre de l’âme et celle de la vertu de l’âme soient une seule et même œuvre, on doit dire qu’une vie honnête et bonne est l’œuvre spéciale de la vertu. C’est donc là le bien final et complet que nous cherchions, et que nous appelions le bonheur. § 8[2]. Ceci ressort de tous les principes que nous avons établis. Le bonheur, avons-nous dit, est le bien suprême. Mais les fins que l’homme se propose sont toujours dans son âme, comme y sont les plus précieux de ses biens ; et l’âme elle-même n’est que la faculté ou l’acte. Mais comme l’acte est au-dessus de la simple disposition

  1. Avec toute son activité. J’ai ajouté ces mots. — Soient une seule et même œuvre. Ceci semblerait justifier la variante que je n’ai pas cru devoir adopter un peu plus haut — Final et complet. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte ; mais ce mot unique a les deux acceptions que j’ai exprimées. — Que nous appelions le bonheur. Le bonheur se confondrait alors avec la vertu.
  2. Avons-nous dit. Jusqu’à présent cette doctrine n’a pas été aussi nettement formatée qu’elle l’est ici. — L’acte de la vertu est ce qu’il y a de meilleur. Théories toutes pareilles à cettes de la Morale à Nicomaque, livre I, ch. 4, § 14.