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Or, parmi les éléments de l’âme, les uns sont de simples facultés ou des puissances ; les autres sont des actes et des mouvements. § 2[1]. Admettons d’abord ces principes ; et en ce qui concerne la vertu, reconnaissons qu’elle est la meilleure disposition, faculté ou puissance des choses, dans toutes les occasions où il doit être fait un usage et une œuvre quelconque de ces choses. C’est là un fait qu’on peut vérifier par l’induction ; et cette règle s’étend à tous les cas possibles. Par exemple, on peut parler de la vertu d’un manteau, parce qu’il y a une certaine œuvre, un certain usage de ce manteau ; et la meilleure disposition que ce manteau puisse avoir, est ce qu’on peut appeler sa vertu propre. On en dirait autant d’un navire, d’une maison, et de tout autre objet utile. Par conséquent, on doit pouvoir appliquer ceci à l’âme, puisqu’elle a également son œuvre spéciale. § 3[2]. Remarquons que l’œuvre est d’autant meilleure que la faculté est meilleure ; et que le rapport des facultés, entr’elles et à l’égard les unes des autres, est également le rapport des œuvres qu’elles produisent et qui en sortent. La fin de chacune d’elles, c’est l’œuvre qu’elles ont à produire. § 4[3]. Il s’en suit évidemment que l’œuvre produite vaut mieux que la faculté qui

  1. La meilleure disposition. Cette définition est trop large, et il fallait la restreindre à ce qui regarde l’homme. — De la vertu d’un manteau. J’ai dû conserver cette expression toute bizarre qu’elle est. D’ailleurs, la même équivoque se retrouve dans la Morale à Nicomaque, livre II, ch. 6, § 1 ; et elle n’y est pas mieux justifiée. — Est ce qu’on peut appeler. Ces atténuations ne se trouvent pas dans l’original.
  2. L’œuvre est d’autant meilleure. Théorie très-juste et très-profonde.
  3. Il s’en suit évidemment. Cette conclusion n’est pas aussi évidente que l’auteur semble le croire. La faculté existe sans l’œuvre, tandis que l’œuvre ne saurait exister sans la faculté qui la produit.