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commençant le mouvement qui nous la donne ; et par conséquent, elle est cause que la santé a lieu ; mais ce n’est pas elle qui est cause que la santé soit un bien. § 22[1]. Aussi, ne prouve-t-on jamais par des démonstrations en règle que la santé est un bien, à moins qu’on ne soit un sophiste et qu’on ne soit pas un médecin ; car les sophistes aiment à étaler leur vaine sagesse dans des raisonnements étrangers au sujet, et l’on ne démontre pas plus ce principe qu’on n’en démontre aucun autre.

Mais puisque nous admettons que la fin, le but est pour l’homme un bien réel et même le bien suprême, entre tous ceux que l’homme peut acquérir, il faut voir quels sont les sens divers de ce mot, de bien suprême ; et pour nous en rendre un compte exact, il convient de prendre un nouveau point de départ.

FIN DU LIVRE PREMIER.


  1. Que la santé est un bien. Parce qu’apparemment la chose est par trop évidente, et qu’il est inutile par conséquent de la démontrer. — À moins qu’on ne soit un sophiste. Il semble que le reproche n’est guère mérité ; et qu’on pourrait tenter cette démonstration, sans être accusé de faire le sophiste. — L’on ne démontre pas plus ce principe. Sans doute parce qu’on le trouve évident de soi, comme doivent l’être tous les principes. — Les sens divers de ce mot. Ce ne sera pas là tout à fait l’objet de la discussion qui va suivre, à moins qu’on ne veuille confondre la vertu avec le bien suprême, et le bonheur. La réfutation de la théorie des Idées, contenue dans tout ce chapitre, s’appuie sur les mêmes arguments en général que celle qui est dans la Morale à Nicomaque. On ne trouve rien ici qui soit en contradiction avec la doctrine péripatéticienne ; mais la critique dirigée contre Platon n’est ni plus profonde ni plus concluante.