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biens, selon les uns, c’est la prudence ; selon les autres, c’est la vertu ; selon d’autres enfin, c’est le plaisir. § 8 Aussi, l’on discute sur la part de chacun de ces éléments dans le bonheur, suivant que l’on croit que l’un d’eux y contribue plus que l’autre. Les uns prétendent que la prudence est un bien plus grand que la vertu ; les autres trouvent au contraire la vertu supérieure à la prudence ; et les autres trouvent le plaisir fort au-dessus de toutes deux. Par suite, les uns croient que le bonheur se compose de la réunion de toutes ces conditions ; les autres croient qu’il suffit de deux d’entre elles ; d’autres même le trouvent dans une seule.


CHAPITRE II.

Des moyens de se procurer le bonheur. Il faut se proposer un but spécial dans la vie, et ordonner toutes ses actions sur ce plan.— Il ne faut pas confondre le bonheur avec ses conditions indispensables.


§ 1[1]. C’est en s’arrêtant à l’un de ces points de vue que tout homme qui peut vivre selon sa libre volonté, doit se

  1. Les regards fixés sans cesse. Voir la Morale à Nicomaque, livre I, ch. 1, § 7. — C’est la marque d’une grande déraison. Ces conseils sont excellents ; mais ils sont mis bien rarement en pratique.