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ex PRÉFACE.

» rage et dire que c'est mon corps que tu enterres; » enterre-le donc comme il te plaira, et de la manière » qui te paraîtra la plus conforme aux lois ^. »

Aristote n'a pas profité de cet avertissement su- prême ; et il est difiicile de parler de l'âme plus impro- prement qu'il ne l'a fait, lll'a confondue avecle corps, auquel elle est jointe, et dont elle n'est selon lui que l'achèvement, ou pour prendre son langage, l'Enté- léchie. Plus coupable que Criton, ce n'est pas sous le coup de la douleur qu'il commet cette confusion déplorable; c'est dans un de ses ouvrage les plus élaborés et les plus approfondis, le Traité de l'âme. 11 parcourt la nature entière pour démontrer que le principe qui sent et pense en nous, est le même qui nourrit notre corps et qui fait végéter la planîe. L'âme n'a donc point d'existence propre ; elle est toute corporelle ; et Aristote, par un silence assez peu philosophique, en ce qu'il est peu courageux, ne dit pas un mot de l'immortalité de l'âme, que tend à nier toute sa doctrine unitaire et matérialiste.

Ainsi, Platon distinguant l'esprit et la matière a

��(1) Platon, Phédon, page 315 et suiv. de la traduction de M. Cousin. J'ai déjà cité ce passage, à une intention analogue, dans ma pi'éi'acp ù la traduction du Traité de l'âme, p. Ll.

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