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dépend sa bonne ou sa mauvaise conduite. Les esprits légers n’y voient nulle conséquence. Mais comme l’intervalle qui sépare notre enfance de la vieillesse n’est rien en comparaison de la durée entière, il est bien aveugle l’être immortel, qui borne ses vues à un temps si court, au lieu de les étendre à toute la durée. Voici donc à peu près l’ensemble de la morale platonicienne, considérée dans ses principaux traits, en laissant de côté tant de détails vrais et gracieux qui la parent et la complètent : étude approfondie de la conscience, et dans l’individu et dans l’humanité ; notion du devoir donné pour guide et pour flambeau à la vie; nécessité salutaire de l’expiation ; sagesse consommée, qui, à côté du devoir, ne refuse à l’homme ni le plaisir ni le bonheur, appréciation exacte de la nature et des effets de la vertu dans cette vie ; magnanimité qui prend héroïquement son parti des épreuves auxquelles elle est soumise ; charité intelligente; humble soumission aux volontés de Dieu ; espérance devant la mort; certitude d’une vie future ; confiance sans bornes en la justice divine, à laquelle l’homme ne peut se soustraire; tel est le code moral de Socrate, ou plutôt sa religion, qui, depuis lui, n’a point cessé et ne cessera jamais d’être la religion des âmes éclairées et pures.