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Conseil, dit à Éphialte que le Conseil allait l’arrêter, et aux Aréopagites qu’il leur montrerait des gens réunis pour renverser la constitution. Il conduisit les délégués du Conseil à l’endroit où se trouvait Éphialte, pour leur montrer les gens réunis, et il leur parla avec animation.  Épouvanté à cette vue, Éphialte s’assit, vêtu seulement de sa tunique, sur l’autel[1]. Comme tous s’étonnaient de ce qui se passait et que le Conseil des Cinq Cents s’était réuni sur ces entrefaites, Éphialte et Thémistocle accusèrent les Aréopagites et firent de même devant le peuple, jusqu’à ce qu’ils leur eussent enlevé leur pouvoir. Et[2]… Éphialte aussi disparut peu après, tué dans un guet-apens par Aristodikos de Tanagra[3].


Le gouvernement de Périclès.

XXVI. C’est donc ainsi que l’Aréopage fut dépossédé de ses fonctions administratives. Ensuite la passion des démagogues entraîna un relâchement dans les mœurs politiques. En effet vers ce moment il arriva que les honnêtes gens n’avaient pas même un guide et que leur chef était Cimon, fils de Miltiade, qui était trop novice, étant venu tardivement à la vie publique. En outre la plupart d’entre eux avaient péri à la guerre ; c’est que, comme le corps expéditionnaire était alors levé d’après la liste des hoplites[4] et qu’on mettait à sa tête des stratèges ignorant l’art de la guerre, mais honorés à cause de la gloire de leurs ancêtres, chaque fois ceux qui partaient périssaient par deux ou trois mille[5], et ainsi on gaspillait la partie honnête du peuple et des riches.  Les Athéniens gouvernaient alors sans accorder aux lois une

  1. L’autel domestique.
  2. Sans doute était-il question ici du sort ultérieur de Thémistocle.
  3. Cf. Antiphon, Sur le meurtre d’Hérode 68 ; [Platon], Axiochos 368 D ; Plutarque, Périclès X (les deux premiers ne connaissent pas le nom du meurtrier).
  4. Au ive s. au contraire, on a normalement recours à des mercenaires.
  5. Ce chiffre n’est évidemment vrai que pour les années exceptionnelles (par ex. en 459/8 où l’Érechthéide a 177 de ses membres — non de ses hoplites — tués à l’ennemi ; cf. I.G. I, 433) ; car, en Sicile même, Athènes ne mit pas en ligne plus de 2 700 citoyens des trois premières classes.