Page:Aristote - Constitution d’Athènes, trad. Haussoullier et Mathieu, 1922.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs possessions[1].  Et ils donnèrent à la foule le moyen de vivre facilement, comme l’avait conseillé Aristide ; car les tributs, les taxes et les alliés nourrissaient plus de vingt mille hommes[2]. En effet il y avait six mille juges[3], seize cents archers ; de plus douze cents cavaliers, cinq cents membres du Conseil, cinq cents gardes des arsenaux ; en outre cinquante gardes de l’Acropole, environ sept cents fonctionnaires dans la métropole, environ sept cents à l’extérieur. En plus, quand on eut engagé la guerre à nouveau, il y eut deux mille cinq cents hoplites, vingt navires garde-côtes, d’autres navires portant les tributs avec deux mille hommes tirés au sort ; en plus les pensionnaires du Prytanée, les orphelins[4] et les gardiens des prisons. En effet tous ces gens étaient entretenus par le budget de l’État.


Réforme d’Éphialte.

XXV. Le peuple était donc nourri par ces procédés. Pendant dix-sept ans exactement après les guerres médiques, le gouvernement resta sous la direction de l’Aréopage, bien ne déclinant peu à peu. Comme la foule augmentait, Éphialte, fils de Sophonidès, qui paraissait incorruptible et pourvu d’esprit de civisme, devint chef du parti démocratique et s’attaqua au Conseil de l’Aréopage.  Tout d’abord il fit disparaître beaucoup d’Aréopagites en leur intentant des procès au sujet de leur administration. Puis sous l’archontat de 462/1 Conon, il enleva au Conseil toutes les fonctions surajoutées qui lui donnaient la garde de la constitution, et il les remit, les unes aux Cinq Cents, les autres au peuple et aux tribunaux[5].  Il eut pour cela l’aide de Thémistocle qui faisait partie de l’Aréopage, mais allait être jugé pour intelligences avec les Mèdes. Thémistocle qui voulait la ruine du

  1. Samos reçut cependant des colons athéniens (clérouques) après sa révolte de 440 ; de même Mytilène en 427.
  2. Aristote décrit par anticipation la situation d’Athènes à la veille de la guerre du Péloponnèse. Cf. Aristophane, Guêpes 709.
  3. Cf. XXVII 3-5 ; LXIII 2 ; LXVI 3 ; LXVIII 2.
  4. Il s’agit des orphelins de guerre. Cf. Thucydide II 46 ; Platon, Ménéxène 248 E ; Aristote, Politique 1268 a 8.
  5. Sur cette réforme, cf. Philochore fr. 141 b ; Plutarque, Périclès VII et IX, Cimon X. Voir aussi l’Introduction, p. xi.