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seaux[1].  C’est pour cette raison que les Athéniens s’inclinèrent devant son autorité, et à ce moment-là encore les Athéniens furent bien gouvernés ; car dans cette période ils furent bien préparés à la guerre et respectés des Grecs, et ils reçurent la maîtrise de la mer malgré les Lacédémoniens.  Alors les chefs du parti démocratique étaient Aristide, fils de Lysimachos, et Thémistocle, fils de Néoclès, passant pour habiles l’un dans l’art militaire, l’autre dans l’action politique, et supérieur en honnêteté à ses contemporains ; aussi employait-on l’un comme général et l’autre comme conseiller[2].  C’est donc en commun, bien que rivaux, qu’ils dirigèrent la reconstruction des remparts ; et c’est Aristide qui poussa les Ioniens à abandonner l’alliance des Lacédémoniens, en guettant le moment où les Laconiens étaient mal vus à cause de Pausanias.  Aussi fut-ce lui également qui fixa pour les États alliés les premiers tributs, deux ans après la bataille de Salamine, sous l’archontat de 478/7 Timosthénès, et s’engagea par serment envers les Ioniens à avoir mêmes amis et mêmes ennemis qu’eux, serment pour lequel on jeta les blocs de fer dans la mer[3].


Les fonctionnaires au ve siècle.

XXIV. Puis, comme l’État prenait plus d’audace et que beaucoup d’argent était réuni, Aristide conseilla aux Athéniens de se saisir de l’hégémonie et de descendre de la campagne pour habiter la ville ; ils trouveraient tous de quoi vivre, les uns en allant en expédition, les autres en faisant le service de garnison, les autres en s’occupant des affaires de l’État, et c’est ainsi qu’ils conserveraient l’hégémonie.  Les Athéniens se laissèrent persuader, prirent en mains l’empire et agirent plus despotiquement à l’égard de leurs alliés, sauf envers les habitants de Chios, de Lesbos et de Samos, qu’ils tenaient pour les gardiens de leur empire et auxquels ils laissaient leur constitution propre et le gouvernement de

  1. Cf. Hérodote VIII 41 ; Cleidémos (dans Plutarque, Solon X).
  2. Aristide eut encore un commandement à Platées et dans l’expédition de Byzance ; mais Aristote suit ici la tradition littéraire (cf. Plutarque, Aristide VIII).
  3. Ce geste symbolique affirmait la fidélité éternelle au serment prêté (cf. Plutarque, Aristide XXV ; Hérodote, I 165).