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Réformes de Clisthène.

XXI. C’est pour ces motifs que la démocratie avait confiance en Clisthène. Alors, devenu chef du parti populaire, trois ans après la destruction de la tyrannie, sous l’archontat 508/7 d’Isagoras,  tout d’abord il répartit tous les Athéniens en dix tribus au lieu de quatre, parce qu’il voulait les fondre afin de faire participer plus de gens aux droits civiques ; de là vient qu’on disait de ne pas s’inquiéter des tribus aux gens qui voulaient enquêter sur les familles[1].  Puis il donna cinq cents membres au Conseil au lieu de quatre cents, cinquante de chaque tribu (il y en avait cent jusqu’alors). Il ne rangea pas les citoyens en douze tribus pour éviter de les diviser selon les trittyes déjà existantes ; en effet il y avait douze trittyes tirées des quatre tribus, et ainsi on ne serait pas arrivé à la fusion du peuple.  Il divisa aussi le pays en trente groupes de dèmes, dix de la ville et de ses environs, dix du bord de la mer, dix de l’intérieur des terres ; il les appela trittyes et en attribua par le sort trois à chaque tribu, pour que chaque tribu ait sa part de toutes les régions. Il rendit concitoyens de dème ceux qui habitaient dans chaque commune (dème), ceci pour les empêcher de s’interpeller par le nom de leur père et de dénoncer ainsi les nouveaux citoyens, et pour les faire au contraire appeler d’après leur dème ; de là vient que les Athéniens se nomment encore d’après leur dème.  Il établit aussi des démarques qui avaient la même fonction que les anciens naucrares ; car il mit les dèmes à la place des naucraries. Il donna leur nom aux dèmes, soit d’après les lieux-dits, soit d’après leurs fondateurs ; car tous ne se trouvaient plus dans des lieux-dits.  Pour les familles, les phratries[2] et les sacerdoces, il laissa chacun les conserver suivant les traditions des ancêtres. Aux tribus il donna des noms d’après les cent héros fondateurs choisis d’avance et dont la Pythie désigna dix.

  1. Les membres d’une même famille (γένος) au sens religieux peuvent être désormais répartis entre plusieurs tribus.
  2. Groupements religieux de familles nobles (γένη) ou d’associations de roturiers (θίασοι). Le fait d’être membre d’une phratrie est pour l’Athénien une des preuves de la légitimité de la naissance. Périclès fut autorisé exceptionnellement à faire inscrire le fils d’Aspasie dans sa phratrie ; cf. Plutarque, Périclès, XXXVII.