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CONSTITUTION D’ATHÈNES

plus grande autorité appartenait à l’archonte ; car on voit que les partis se sont toujours fait la guerre pour cette magistrature.  Ils ne cessaient de se faire souffrir les uns les autres, les uns prenant pour cause et pour prétexte la suppression des dettes (car ils avaient été ruinés), les autres mécontents de la constitution à cause de l’importance de la réforme, certains par rivalité réciproque.  Or il y avait trois partis[1] : les gens de la côte (Paraliens), dont le chef était Mégaclès, fils d’Alcméon, et qui semblaient surtout soutenir la politique modérée ; les gens de la plaine, qui favorisaient l’oligarchie et avaient pour chef Lycourgos ; en troisième lieu les gens de la montagne (Diacriens), à la tête desquels était Pisistrate qui passait pour le plus dévoué à la démocratie.  Dans ce parti s’étaient rangés, à cause de leur pauvreté, ceux qui avaient été dépouillés de leurs créances et, par crainte, ceux dont la naissance n’était pas pure. La preuve en est qu’après l’expulsion des tyrans on procéda à une revision des listes de citoyens[2] parce que bien des gens jouissaient indûment des droits politiques. Chaque parti tirait son nom de la région qu’il cultivait.


Premières tentatives de Pisistrate.

XIV. Pisistrate, qui passait pour le plus dévoué à la démocratie et avait acquis une grande réputation dans la guerre contre Mégare, se blessa lui-même pour décider le peuple, sous prétexte que ces blessures étaient le fait de ses adversaires, à lui donner une garde ; et Aristion rédigea la proposition[3]. Ayant donc reçu ceux qu’on appela les porte-gourdins, il fit avec leur aide une révolution contre la démocratie et occupa l’Acropole trente et un ans après la législation de Solon, sous 561/0l’archontat de Coméas.  On dit que Solon[4], quand Pisistrate demanda une garde, s’y opposa en disant qu’il était plus sage que les uns et plus courageux que les

  1. Cf. Hérodote I 59 ; Plutarque, Solon XIII et XXIX.
  2. Nous connaissons deux autres revisions : en 445/4 (cf. Plutarque, Périclès XXXVII) et en 346 (cf. Harpocration s. v. διαψήφισις ; Démosthène, Contre Euboulidès ; Isée, Pour Euphilétos).
  3. Cf. Hérodote I 59 ; Plutarque, Solon XXX.
  4. Cf. Élien, Histoire variée VIII 16 ; Plutarque, Solon XXX ; Diogène Laerce I, 49-60 ; Diodore de Sicile IX 29.