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ARISTOTE
CONSTITUTION D’ATHÈNES


Le procès des Alcméonides.

I. … [Sur l’accusation] de Myron[1], [trois cents juges] choisis parmi les familles nobles [rendirent le jugement] après serment prêté sur les chairs des victimes. Le sacrilège fut reconnu ; les coupables eux-mêmes furent arrachés de leurs tombeaux, et leur famille fut condamnée à l’exil perpétuel. Puis le Crétois Épiménide purifia la ville.


L’état social avant Solon.

II. Après cela, il arriva que les nobles et la foule furent en conflit pendant un long temps.  En effet le régime politique était oligarchique en tout ; et, en particulier, les pauvres, leurs femmes et leurs enfants étaient les esclaves des riches. On les appelait « clients » et « sizeniers »[2] (hectémores) : car c’est à condition de ne garder que le sixième de la récolte qu’ils travaillaient sur les domaines des riches. Toute la terre était dans un petit nombre de mains ; et, si les paysans ne payaient pas leurs fermages, on pouvait les emmener en servitude, eux et leurs enfants ; car les prêts avaient tous les personnes pour gages jusqu’à Solon, qui fut le premier chef du parti populaire.  Donc, pour la foule, le plus pénible et le plus amer des maux politiques était cet esclavage ; pourtant elle avait tous autres sujets de mécontentement ; car, pour ainsi dire, elle ne possédait aucun droit.

  1. Les Alcméonides étaient accusés d’avoir tué, malgré la protection divine, Kylon et ses partisans. Cf. Hérodote V 71 ; Thucydide I 126, 12.
  2. Les anciens attribuaient 1/6 de la récolte tantôt au propriétaire, tantôt au tenancier (ce qui est plus probable).