Page:Aristote - Constitution d’Athènes, trad. Haussoullier et Mathieu, 1922.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxv
INTRODUCTION

Au lendemain de la découverte, quand l’ensemble du Papyrus n’avait pas été reconstitué, on pouvait espérer qu’il en était question dans la section réservée aux tribunaux. Nous savons maintenant qu’il n’en est rien. Aussi bien cet espoir était vain : si Aristote avait consacré quelques lignes aux νομοθέται, elles n’eussent pas manqué d’être exploitées par les lexicographes ; or ceux-ci sont restés muets sur cet important sujet. Et pourtant l’existence et l’activité des nomothètes nous sont attestées par des textes authentiques, des lois et des décrets, qui se répartissent sur toute la seconde moitié du ive siècle, depuis 352 jusqu’en 331. Le corps des nomothètes fonctionne régulièrement dans la période même où se placent la préparation et la publication de la Constitution d’Athènes : Aristote ne l’en a pas moins passé sous silence. Il n’est pas nommé davantage dans la Politique, et deux passages bien connus, qu’il convient de rappeler ici, risqueraient de nous induire en erreur sur la législation athénienne, si nous n’avions pour les corriger les inscriptions auxquelles nous venons de faire allusion. Au L. IV, décrivant les attributions des assemblées délibérantes, il pose en principe qu’elles sont souveraines sur la guerre et la paix, la conclusion et la rupture des alliances, [l’établissement des] lois, la peine de mort, l’exil et la confiscation, sur la désignation des magistrats et la reddition des comptes (p. 1298 a 3 suiv. ; 20). Or, au temps d’Aristote, ce n’est ni l’assemblée du peuple, ni le Conseil qui rédigent les lois, mais les nomothètes, c’est-à-dire un corps formé d’héliastes. Le second passage, emprunté au même L. IV, n’est pas plus strictement exact. C’est la page fameuse où, décrivant la démocratie extrême, il a manifestement en vue la démocratie athénienne. Par trois fois il la caractérise en disant que la souveraineté n’y appartient pas aux lois, mais à la foule et aux décrets,