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INTRODUCTION

toutes exactement ? Il nous eût certes rendu service en nous faisant connaître l’année où un certain Lysimachos, qu’on ne peut identifier avec l’hipparque cité par Xénophon (Hellén., ii, iv 8 et 26), échappa à la condamnation capitale prononcée contre lui par le Conseil. La date ne devait pas manquer dans l’atthidographe qui lui fournissait ce fait et ce nom ; elle était en tout cas inscrite sur la loi dont le vote suivit cette cause célèbre, et pourtant il ne l’a pas donnée. Si grave qu’elle fût, la loi ne marquait en effet qu’une étape dans la lutte depuis si longtemps engagée par les démagogues en faveur des tribunaux populaires, depuis Éphialte et la ruine de l’Aréopage. Aristote veut surtout intéresser le lecteur à cette lutte même : il voit dans ces brèves indications le moyen de nouer plus solidement son exposé, et il prépare ainsi le tableau qui le clôt : la description des tribunaux.

Cette sobriété est voulue. Elle est, encore une fois, conforme au plan d’Aristote. Lui-même nous avertit, au moins en trois endroits, qu’il n’a pas tout dit : xlix 5 ; lvii 1 ; lviii 3. Dans les deux premiers de ces chapitres il use de la même locution (ὡς ἔπος εἰπεῖν), et cette répétition même souligne encore son dessein. De ces trois passages qui se trouvent à la fin d’un chapitre ou d’un développement, « en guise d’et caetera stylisés », on a conclu qu’Aristote ne nous donnait qu’un extrait de sa source, et on y a vu la confirmation de la thèse que nous avons combattue plus haut (Wilamowitz, ouv. cité, I, p. 215). Ce n’est pas un « extrait » que nous a livré le Papyrus de Londres, et Aristote ne s’est pas proposé de rédiger un manuel des institutions athéniennes. C’est bel et bien une œuvre personnelle ; mais il faut reconnaître qu’elle est incomplète et y relever de graves lacunes.

La plus surprenante a été notée depuis longtemps : la Seconde partie ne dit rien de la législation athénienne.