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INTRODUCTION

est entièrement consacrée au « gouvernement actuel » d’Athènes, aux institutions contemporaines d’Aristote et même des dernières années de la vie du philosophe, puisqu’on est maintenant d’accord pour dater le livre des environs de l’année 325.

On s’est laissé tenter par la perspective d’un parallélisme exact entre les deux parties, historique et descriptive, de l’œuvre d’Aristote et l’on a cru reconnaître qu’en rédigeant la Seconde il avait sous les yeux un traité antérieurement publié, mais beaucoup plus détaillé, où il avait largement puisé, l’éclairant de traits personnels, l’accommodant à l’état des institutions présentes. On en est venu à parler d’une Atthide, presque à nommer un atthidographe (Wilamowitz-Moellendorff, Aristoteles und Athen, I, p. 216). La méthode restait donc la même dans les deux parties de la construction.

Cette théorie tôt venue n’a pas résisté à l’examen des épigraphistes et des juristes qui ont prouvé une telle concordance entre Aristote et les inscriptions attiques d’une part et de l’autre les textes de lois cités par les orateurs qu’il a fallu admettre l’information directe, le contact immédiat avec les lois et décrets, l’utilisation des Archives mêmes.

Nous ne prétendons point qu’Aristote ait fait ces recherches lui-même, soit dans les Archives, dont l’accès n’était pas fermé aux étrangers, soit dans les bureaux des magistrats, où se trouvaient certainement, entre les mains d’un assesseur ou d’un greffier ou d’un esclave public, les textes législatifs et les décrets usuels ; mais il les a inspirées, dirigées, surveillées. Un chef d’école tel que lui n’était pas absorbé par son enseignement. Il faut se le représenter comme un directeur d’études dont le premier devoir est d’organiser le travail scientifique : sans collaborateurs, il n’eût pu recueillir les matériaux de tant