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INTRODUCTION

Cette documentation d’apparence sérieuse a frappé Aristote et lui a fait accorder plus facilement sa confiance à un ouvrage dont les tendances politiques attiraient déjà sa sympathie ; en cette circonstance ses préférences de savant et ses opinions politiques lui ont semblé d’accord. De là l’aspect hostile à la démocratie et injuste pour le ve siècle athénien que présente une partie de l’exposé d’Aristote.

Mais cette tendance des derniers chapitres de la partie historique ne doit pas nous faire oublier le réel effort d’impartialité scientifique qu’a fait Aristote ; loin de se laisser guider par ses sources ou ses préférences personnelles, il a cherché la vérité ; et au début ce sont les documents originaux (ou crus tels par lui) qui emportent sa conviction. Sur Solon c’est bien un jugement établi sur les vers mêmes du législateur qu’il nous donne, et ce jugement est favorable à la démocratie. Il en est ainsi dans bien des chapitres, dans une moitié environ de l’exposé historique. Pourquoi ce contraste que nous constatons entre l’histoire du vie siècle et celle du ve siècle ?

Cela tient sans doute aux conditions dans lesquelles a été composée la Constitution d’Athènes. Nous avons vu qu’elle date de 329 au plus tôt, plus probablement de 324 ou 323. Nous pouvons donc juger qu’Aristote, après avoir dirigé le travail de documentation de ses disciples et après avoir fait une première rédaction de son ouvrage, a été arrêté dans sa dernière revision de la partie historique par son exil à Chalcis, puis par la mort. Ainsi s’expliqueraient les disparates que nous remarquons dans la partie historique, les contradictions mal effacées, la préférence attribuée à la fin à une seule source tandis qu’au début se montre une plus grande largeur de vues. C’est que les premiers chapitres ont été l’objet d’une